1.01 – Queen to Be
[Lady Whistledown]
Chers amis lecteurs,
Voici l’histoire de la Reine Charlotte de la Chronique des Bridgerton.
Ceci n’est pas un cours d’histoire, mais une œuvre de fiction inspirée de faits réels.
Toutes les libertés prises par l’auteur sont parfaitement intentionnelles.
Amusez vous bien.
------------
Mirow (Allemagne du Nord) - 1761
Un carrosse est stationné devant l’entrée du château de Mecklembourg-Strelitz. Les valets de pied sont alignés devant le carrosse et attendent les ordres. Les servantes du château minaudent en les observant.
Curieuse devant toute cette agitation, Sophie-Charlotte, jeune duchesse de 17 ans, s’approche silencieusement du salon et par la porte entre-baillée, constate que son frère discute avec un diplomate et signe un document qu’il remet à ce dernier. Une poignée de mains scelle leur accord. Charlotte comprend aussitôt que son frère, le duc Adolphus, vient de signer son contrat de mariage. De colère, elle pousse un buste exposé sur un guéridon, qui tombe et se casse. Puis elle s’enfuit avant que le bruit attire son frère.
Plus tard, ses bagages entassés dans une voiture, elle quitte sa maison et fait un signe d’adieu au personnel rassemblé sur le perron pour la voir partir. D’un air revêche, elle rejoint son frère qui l’attend devant leur carrosse.
Le cortège, formé de la voiture de l’émissaire du roi, le Comte Harcourt, le carrosse d’Adolphus et Charlotte ainsi que la voiture réservée à ses bagages, se dirige vers Londres.
Charlotte se tient raide dans son coin, elle n’a pas bougé depuis le départ. Adolphus essaie de briser son mutisme. Charlotte explique alors qu’elle porte une toilette fragile, en soie incrustée de rubis des Indes, sur une dentelle ancienne de deux cents ans. Un simple mouvement de sa part pourrait entrainer les rubis à déchirer la dentelle. De plus, elle porte un corset à la mode, fabriqué avec des fanons de baleine. Ces derniers sont cassants et extrêmement pointus à leur extrémité. Le corset est très serré et l’empêche de bouger. Pour se montrer sous son meilleur jour, elle est obligée de porter cette robe absurde et sophistiquée, Elle a envisagé de bouger et mourir transpercée à mort par son vêtement. En faisant diligence dans ses mouvements, elle pourrait au cours de la route qu’il reste pour atteindre Londres, se vider entièrement de son sang. Elle est furieuse et au bord de l’asphyxie, ce qu’elle doit à son frère.
Adolphus explique qu’elle a été choisie, ce qui est un grand honneur. Charlotte se demande pourquoi elle et exige que la voiture opère un demi-tour sinon elle fera en sorte de s’empaler sur son corset pour se vider de son sang. Adolphus ajoute qu’il s’agit de l’empire britannique et qu’ils ne sont qu’une petite province d’Allemagne. De plus, l’affaire est faite, elle doit remplir son devoir envers son pays. Après tout, il y a pire destinée que d’épouser le roi d’Angleterre.
-- 1814 --
Palais de Buckingham
En pleine nuit, Charlotte escortée de Brimsley et de ses femmes de chambre portant des lanternes, se rend dans le hall du palais pour recevoir le médecin qui doit annoncer une triste nouvelle. Inquiète, elle demande si le roi est mort. Il ne s’agit pas du roi mais de la fille du prince régent, futur George IV, morte en couches ainsi que son enfant.
-------------
[Lady Whistledown] Cher ami lecteur, cette si froide période de l’année est devenue glaciale avec la triste nouvelle du décès de la Princesse royale. La petite fille de notre roi George III et de la reine Charlotte est morte en couches, ainsi que son enfant.
------------
Compatissante à la douleur de son fils, la reine caresse sa tête, en disant «Chagrin, chagrin, prières» pour le réconforter.
-------------
[Lady Whistledown] Et tandis que notre cœur s’afflige de la perte de la princesse royale, notre esprit s’émeut encore davantage de l’avenir même de la monarchie. Car, pour la couronne, l’heure est grave et cela, on l’imagine, ne peut qu’irriter la reine Charlotte, elle qui a régné sur les unions arrangées de l’aristocratie et le marché matrimonial d’une main de fer.
Votre chroniqueuse et toute l’Angleterre, ne peuvent qu’espérer que la reine Charlotte mette toute son énergie d’entremetteuse au service de sa propre famille. Après tout, sa Majesté est la mère de treize enfants et à l’heure qu’il est, aucun n’a donné naissance à un héritier ou du moins un héritier légitime.
On en vient à se demander si les compétences de la reine en matière de mariage ne seraient pas une légende.
------------
-- 1761 --
Palais Saint James
Charlotte est introduite dans le salon de la princesse Augusta, entourée des conseillers du roi. Augusta tourne autour d’elle pour l’inspecter des pieds à la tête. Elle demande à voir ses dents, ses mains puis tâte ses hanches. Satisfaite, elle indique à Charlotte que son travail consistera à donner beaucoup d’enfants au roi. Charlotte voudrait savoir quand elle sera présentée au roi, Augusta ne répond pas et demande à Brimsley de la conduire chez la couturière pour ajuster sa robe de mariée. Charlotte signale qu’elle a sa propre robe confectionnée à Paris pour l’occasion. Augusta remarque que la toilette qu’elle porte, présente toute l’outrance et la frivolité des toilettes européennes. Sa robe de mariée doit être traditionnelle et dans le ton de la famille royale. Charlotte comprend et accepte de se plier aux volontés d’Augusta.
Augusta se retire, suivie des conseillers.
Escortée de Brimsley, charlotte le questionne sur le roi, tout en montant un grand escalier. Brimsley répond à toutes ses questions, en restant très discret et lui explique qu’il doit rester cinq pas en arrière, attentif à ses souhaits. Il doit la protéger et donc demeurer continuellement derrière elle. Charlotte est étonnée mais comprend qu’elle doit apprendre à accepter les règles qui régissent la couronne d’Angleterre.
Dans son salon, Augusta constate que la peau de Charlotte est foncée. Le Comte Harcourt rappelle qu’il avait signalé ce fait et qu’un contrat a été signé. Lord Bute estime que c’est un problème et que les gens vont jaser, il propose d’annuler le mariage. Augusta refuse, un problème n’est un problème que si le palais décrète que c’en est un. Le choix du roi est délibéré, par conséquent, le roi souhaite étendre la liste des membres de sa cour, invités au mariage. Lord Bute et le comte Harcourt acquiescent mais la cérémonie du mariage a lieu dans six heures. Augusta ne connait personne qui ne rêverait pas d’assister à un mariage royal.
Des laquais sont dépêchés dans Londres pour délivrer des invitations supplémentaires à des dignitaires de couleur.
Une invitation a été remise au laquais du couple Danbury. Le mari est âgé, sa femme est très jeune. Émoustillé par sa jeune épouse, il use à tout instant de son droit marital qu’elle supporte stoïquement. Son devoir conjugal accompli et son mari endormi, Agatha s’éclipse dans son cabinet de toilette où sa femme de chambre, Coral, lui a préparé un bain. En l’attendant, Coral a appris du majordome qu’une invitation au mariage royal est arrivée du palais et qu’Agatha est affectée au service de la reine comme membre de sa cour. Agatha, plongée avec délice dans l’eau tiède, n’y croit pas, certaine que le majordome s’est trompé. Coral insiste, Agatha demande à voir l’invitation.
Dans le salon réservé à la couturière pour l’occasion, l’ajustement de la robe de mariée souhaitée par la princesse Augusta est terminé. Charlotte pose mille questions sur l’apparence du roi, de son caractère, de ses loisirs, auxquelles Brimsley répond toujours courtoisement sans jamais véritablement parler de la personne du roi. Impatiente, Charlotte prévient Brimsley qu’elle a besoin d’intimité pour des besoins naturels. Brimsley fait sortir tout le monde et sort à son tour.
Un peu plus tard, pendant que les premiers invités arrivent, Brimsley parcourt le palais à la recherche de Charlotte, qui a disparu.
Danbury et Agatha descendent de leur voiture, il lui demande de se comporter comme si elle avait l’habitude de se rendre au palais. Ils sont placés au premier rang de l’allée principale, dans l’église. Entourée des conseillers du roi, la princesse Augusta s’arrête devant les Danbury et se souvient que le père de Danbury était ami avec l’ancien roi, grand père de George III. A ce titre, Lord et Lady Danbury vont recevoir la proclamation officielle du roi pour leur promotion sociale. Lord Danbury très fier, bombe le torse, même s’il a du mal à imaginer cette ascension.
Brimsley n’a pas trouvé Charlotte. Inquiet, il vient se placer à côté du majordome du roi, Reynolds, pour lui signaler ce problème.
Lord Danbury s’est endormi sous l’air railleur de Lady Agatha. En levant les yeux, elle aperçoit une jeune femme sur la galerie surplombant la nef qui se penche pour voir l’assemblée et qui disparait rapidement.
Charlotte est descendue dans le jardin et après hésitation, essaie de grimper à l’aide d’une glycine pour franchir le mur du jardin. Un jeune homme s’approche et lui demande ce qu’elle cherche à faire. Réticente au début, elle avoue vouloir s’enfuir, car si elle n’arrive pas à obtenir des renseignements sur le roi, c’est qu’il doit être laid, monstre ou gnome. Elle lui demande de l’aider mais il refuse. Il se présente ensuite, il est George et il sait qu’elle est Charlotte. Confuse, Charlotte plonge dans une révérence et se confond en excuses. Gentiment, George lui prend la main pour la relever et lui demande de l’appeler simplement George, pour elle. Sa position de roi est du à un accident de naissance. En sa qualité d’épouse il pensait qu’elle pourrait le voir simplement comme George, mais bien sûr, il vient de découvrir qu’elle ne voulait pas l’épouser. Charlotte affirme qu’elle n’a pas dit cela, c’est juste qu’elle ne le connait pas. George lui demande ce qu’elle veut savoir à son sujet, Charlotte répond qu’elle veut tout savoir. George commence par sa naissance avant terme quand tout le monde pensait qu’il n’allait pas vivre, mais il a survécu. Il est assez bon au fleuret mais encore meilleur au tir. Son mets préféré est le mouton et ne mange pas de poisson. Il aime les livres, les arts et la bonne conversation et plus que tout les sciences : chimie, physique, botanique et surtout l’astronomie. Il a des talents de cultivateur mais déjà occupé il ne pourra jamais être fermier. Il a une cicatrice, souvenir d’une chute de cheval, une autre qu’il doit à une incroyable maladresse. De plus il est très nerveux à la pensée d’épouser une jeune fille qu’il rencontre quelques minutes avant leur mariage mais il ne peut pas escalader un mur car il est malheureusement roi de Grande Bretagne et d’Irlande et que cela ferait scandale. Il n’est ni un monstre ni un gnome, simplement George.
Adolphus arrive en appelant Charlotte que tout le monde cherche. En apercevant George, Adolphus fait une révérence, penaud. George lui apprend que Charlotte n’a pas encore décidé si elle allait l’épouser ou non. Adolphus affirme que sa sœur est littéralement folle de joie, mais George lui coupe la parole, c’est à Charlotte seule de trancher si elle escalade le mur ou non. Il prend la main de charlotte et l’embrasse en lui disant qu’il espère la voir à l’intérieur. Si tel est le cas, il sera celui qui se tient aux côtés de l’Archevêque de Canterbury. Charlotte lui sourit, elle le trouve charmant et sait déjà qu’elle va le rejoindre dans l’église.
Après le départ du roi, Adolphus ne veut pas entendre qu’elle hésite encore, elle l’arrête, elle doit aller se changer.
Plus tard, c’est au bras d’Adolphus et dans la robe de mariée qu’elle a apportée, qu’elle se présente dans l’église. Elle a un moment d’hésitation devant tous ces regards qui la dévisagent, puis elle s’avance vers Georges en lui souriant et sans le quitter des yeux. George lui prend la main et la conduit devant l’autel. En voyant Charlotte, Agatha Danbury comprend la raison de l’élévation de plusieurs dignitaires de couleur, dont les Basset, amis du couple.
Pendant la cérémonie, ils se regardent en souriant et n’entendent aucun des mots prononcés par l’archevêque. Lorsque la cérémonie est terminée, ils s’embrassent et font face à l’assistance qui les applaudit. Puis c’est la réception, ils dansent ensemble et s’accordent à merveille. Ils assistent ensuite ensemble au départ des invités. Agatha se présente à la reine et Charlotte est enchantée d’avoir près d’elle une jeune femme de son âge. Elles se promettent d’être amies.
George demande à Charlotte de prendre un manteau, il a une surprise pour elle. Leur voiture les dépose devant un palais que Georges a fait rénover spécialement pour elle. Heureuse, Charlotte pense que c’est leur maison. Il la détrompe, c’est la maison de Charlotte, là où elle vivra, il a fait transporter ses affaires pendant la cérémonie. Charlotte ne comprend pas, s’il s’agit de sa demeure, c’est également celle de son mari. George explique que leur demeure officielle est le palais Saint James, mais c’est dans ce palais de Buckingham qu’elle vivra, lui sera sur son domaine à Kew. Charlotte ne comprend pas qu’il ne reste pas avec elle pour faire comme tous les gens mariés. George croit qu’elle le met en demeure d’accomplir son devoir conjugal. Charlotte, qui n’est même pas sure de savoir en quoi consiste ce devoir, ne lui impose rien mais d’après sa gouvernante, les jeunes mariés passent la nuit ensemble. George qui semble irrité par les questions de Charlotte décide de rester et entre dans le palais. Charlotte le suit en courant. Ils passent entre deux rangées de domestiques qui les applaudissent. Elle leur sourit tout en courant, sans apercevoir Brimsley qui la salue. Elle appelle George qu’elle n’arrive pas à rattraper. Il se retourne en colère, elle le veut dans sa chambre, il y va. Charlotte ne veut plus s’il doit se comporter ainsi. Elle est désolée de l’avoir mis en colère. Il répond que ce n’est pas sa faute, il veut seulement aller à Kew. Charlotte lui propose de le suivre à Kew. Il refuse, elle doit rester à Buckingham, chez elle. Ainsi tout va bien, ils se parleront plus tard. Charlotte insiste, elle veut savoir pourquoi leur vie maritale va se passer désormais ainsi, lui à Kew et elle à Buckingham. De plus en plus irrité, George crie qu’il ne doit rien expliquer du tout, il décide et il a décidé. Il est le roi ! Effrayée, Charlotte recule, s’excuse et ajoute qu’elle croyait qu’il était simplement George. Elle demande à Sa Majesté de la pardonner et le prie de lui donner la permission de se retirer. Radouci, George ajoute que c’est mieux ainsi, Charlotte répond que naturellement, c’est comme il sied à Sa Majesté.
Brimsley, qui a assisté à la conversation, comme les autres domestiques, est touché par la détresse de la jeune femme. Après le départ du roi, Charlotte se dirige vers l’intérieur de sa maison, Brimsley sur ses talons. Charlotte essaie de s’en débarrasser et lui donne même l’ordre de ne plus la suivre. Brimsley ne peut pas, il est de son devoir de veiller sur elle à tout instant et il espère qu’elle finira par s’habituer à lui. Charlotte, agacée, remarque qu’ils vont passer le reste de leur vie ensemble.
-- 1814 --
Palais de Buckingham
Charlotte, suivie de Brimsley, entre dans un salon où l’attendent ses enfants qu’elle a convoqué. Le prince régent et les princes Adolphus, William et Edward se plaignent d’avoir été appelés si tôt, ils ont des affaires qui les attendent. Charlotte leur reproche d’avoir comme affaires de s’occuper de leurs maitresses et d’engendrer des petits bâtards dont elle ne peut tenir compte. Se tournant vers ses filles, les princesses Sophia et Elizabeth, elle pense qu’il serait bon qu’elles songent à se marier. Ainsi elle aurait peut être enfin des petits enfants légitimes, au lieu de vierges sur sa gauche et de débauchés sur sa droite. Elizabeth rappelle à sa mère qu’elle est mariée et ce n’est pas faute d’essayer, mais elle n’a donné aucun héritier au trône. Charlotte fait remarquer que la seule héritière au trône est morte, ce qui relance les lamentations du prince régent. Charlotte résume la situation. Les princesses n’ont engendré aucun descendant. Les princes en ont engendré plusieurs de leurs maitresses. Il y avait une héritière, elle est morte. L’heure est grave, le premier ministre s’est inquiété du manque d’héritier et pire encore, Lady Whistledown en parle dans sa dernière chronique donc bientôt tout le monde en parlera. Il est temps de trouver des maris et des épouses respectables. Il leur faut concevoir le prochain souverain en titre du Royaume Uni, sinon la lignée de leur père s’éteindra avec lui. Elle leur ordonne de faire un enfant royal. Ce qui n’est pas une tâche difficile, leur père et elle ont fait quinze enfants royaux à eux seuls, comment ne pourraient-ils pas en faire un seul à eux tous. Elle sort, Brimsley la suit, non sans avoir eu un regard de mépris pour cette progéniture qui chagrine sa reine.
Palais de Buckingham - 1761
Charlotte est seule dans son grand lit, George a regagné son palais à Kew. Elle pense qu’elle aurait du escalader ce mur.
Episode dédié à la mémoire de Jacqueline Avant.
Rédigé par Mamynicky