2.07 - Harmony
Lady Whistledown : Un jeune marié délaissé. Une future épouse au cœur brisé. La pagaille dans un mariage royal. Sensationnel ? Sans doute. Mais… vrai ? Votre chroniqueuse peut se perdre en palabres et en conjectures, cher lecteur, mais donner de fausses informations ? Jamais. Les raisons qui expliquent pourquoi miss Edwina s'est enfuie de l'autel peuvent être plus nombreuses que quiconque ne pourrait le concevoir. Mais ne l'oublions pas, c'était Sa Majesté la reine qui a fait monter la jeune demoiselle sur la scène afin de pouvoir effectuer sa grande sortie. Permettez à votre auteure d'espérer…
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Charlotte : Mon attelage.
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… dans l'intérêt de Sa Majesté, ainsi que pour les Sharma et les Bridgerton qu'une explication officielle émerge sans tarder, avant que la bonne société ne soit emportée par des spéculations sordides...
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Une femme de chambre : Mademoiselle ? Les bains sont prêts.
Edwina : J'ai fini.
Mary : Essayez le savon au muguet. C'est très bon pour les nerfs.
Chez les Bridgerton
Violet : Où est votre frère ? Il devrait déjà être là.
Colin : Peut-être encore devant l'autel à attendre miss Edwina ?
Violet : Pas de moquerie aujourd'hui.
Gregory : Elle se moque de moi sans cesse.
Eloïse : Ne négligeons-nous pas les avantages de cette tragédie ?
Gregory : Les restes de gâteau ?
Hyacinthe : Voilà pourquoi je me moque.
Benedict : Mon frère ! Que c'est aimable de te joindre à nous !
Anthony : Avez-vous terminé ?
Violet : Vous petit déjeunerez plus tard. Pour l'instant, il est important d'agir rapidement pour limiter les pénibles conséquences des malheureux événements de…
Colin : Tes noces qui ont dérapé ?
Eloïse : Tout ceci arrive-t-il vraiment car une femme ne tient plus à se marier ?
Violet : Malheureusement, oui, Éloïse. La raison importe peu, mais il nous faut gérer les conséquences. D'ailleurs, je trouve le temps propice à une plaisante promenade… Tous ensemble, unis comme la plus respectable des familles que nous sommes toujours.
Anthony : Respectable ? Une famille respectable a à sa tête un gentleman, n’est-ce pas ?
Benedict : Mon frère. Veux-tu nous informer de quelque chose ? Ou plutôt devrais-je savoir autre chose ?
Anthony : Pardonnez-moi. Si une promenade vous paraît sage, mère, nous partirons dans une heure.
Eloïse : Hm, je serai un peu en retard. Une course à faire. J'ai besoin d'une nouvelle paire de gants. J'aurai l'air certainement plus unie et respectable.
Eloïse : Inutile de prendre les manteaux lourds. Il va faire étouffant là où je… fais mes courses. En ville.
Charlotte : Miss Bridgerton.
Au parc
Lady Danbury : Sauter dans le feu à pieds joints. Un de mes passe-temps favoris. Rappelez-vous. Cela fait suite à un accord mutuel sur une affaire privée entre miss Edwina et le vicomte. C'est tout ce que nous dirons sur le sujet. Vous comprenez ?
Mary : Bonjour, lord Fife.
Lord Fife : Pas pour tout le monde.
Edwina : Est-ce réellement notre plan ? De faire comme si rien ne s'était passé ?
Mary : Nous ne prétendons pas cela. Nous avons choisi de traiter le sujet en privé, à notre convenance. Les scandales peuvent ternir une réputation, mais ils ne nous obligent pas à nous justifier.
Lady Danbury : La société a la mémoire étonnamment courte. Avec un peu de chance, la semaine prochaine verra un plus gros scandale où ils planteront leurs dents voraces. Rien n'est perdu pour vous trouver un mari cette saison, miss Edwina.
Kate : J'envie votre imagination, lady Danbury. Je ne peux concevoir un plus gros scandale.
Miss Patridge : Ne regardez pas.
Anthony : Miss Patridge. Le temps est fort plaisant, non ?
Miss Patridge : Oui, en effet, monsieur.
Miss Evans : J'ai peur que nous soyons en retard chez les Goring, ma chère. Allons-y.
Portia : En voilà, une surprise ! Paraître si tôt en public, lady Bridgerton ?
Violet : Lady Featherington, nous ne sommes pas en deuil.
Portia : Personne ne comprend la douleur de la rupture d'un engagement mieux que moi. J'ai cru ne jamais me remettre après que M. Bridgerton et miss Thompson se sont séparés et pourtant, voyez. Miss Thompson est devenue lady Crane, Philippa est madame Finch et Prudence est fiancée.
Violet : Oui. J'avoue que c'est assez amusant de voir comment les choses parfois s'arrangent toutes seules.
Portia : En effet. Bonne chance pour toutes vos "choses", lady Bridgerton.
Pénélope : Nous sommes navrés, lady Bridgerton.
Portia : Venez, Pénélope. Nous ne voudrions pas leur casser les oreilles.
Eloïse : C'est un magnifique carrosse, Votre Majesté. Vos chevaux doivent être forts pour tirer tout cet or.
Charlotte : Que faisiez-vous chez cet imprimeur au beau milieu du mariage ? Du prétendu mariage de votre frère ?
Eloïse : Oh…
Charlotte : Je sais que vous êtes… lady Whistledown en personne.
Eloïse : Votre Majesté…
Charlotte : Vos dénégations ne feront qu'accroître votre châtiment. Vous avez été maligne, miss Bridgerton. La saison dernière, je vous ai recrutée pour démasquer la chroniqueuse et vous, comme par hasard, n'avez trouvé aucun suspect possible.
Eloïse : Je ne suis pas assez maligne pour vous manipuler.
Charlotte : C'est assez curieux que vous soyez si rarement mentionnée dans ses pages. J'ai aussi entendu dire que vous aviez une grande aversion pour la société, comme l'auteure elle-même. Le pouvoir immense de votre plume pourrait servir des buts plus nobles que ridiculiser et répandre des médisances. Lady Whistledown pourrait être une alliée stratégique de la Couronne, si cela lui plaisait.
Eloïse : Et j'aiderais volontiers, mais je ne manie guère un tel pouvoir.
Charlotte : C'est Alors… vous préférez rester ma rivale ? Savez-vous ce qui se passera quand je révélerai votre secret ? Les gens chercheront à se venger. Aussi mauvaise que vous jugiez la situation actuelle de votre famille, elle ne fera qu'empirer. Je serai en mesure de résoudre ce problème. Alors je vais vous donner trois jours pour réfléchir à ma proposition et revenir à la raison. Si vous refusez, alors je déploierai mes ressources pour vous écraser comme un serpent. Votre orgueil ne vous sera pas aussi précieux que votre souffle.
Violet : Lady Cowper.
Lady Danbury : Lady Eaton.
Violet : Lord Hall.
Lady Danbury : Lord Cho.
Chez Lady Danbury
Lady Danbury : Avec tout ce qui s'est passé avec sa jeune domestique la saison dernière, lord Cho se détourne de moi.
Violet : Nous savons à quoi nous en tenir.
Mary : Nous affronterons dignement cette lutte. Tout sera perdu si nous fuyons maintenant.
Edwina : Je souhaiterais fuir de cette pièce.
Lady Danbury : Plus nous tarderons à changer l'opinion de la haute société, plus nous la conforterons.
Mary : Et si nous trouvions une autre raison à l'abandon de la noce ?
Lady Danbury : Nous en avons déjà proposé une. Nous ne pouvons changer de version.
Violet : Si nous ne pouvons parler des causes, au moins agissons comme si elles étaient sans conséquence pour nous.
Lady Danbury : Un bal.
Violet : Oui, ensemble ! Prouvons à la société que notre histoire est vraie. C'était une décision mutuelle entre toutes les parties et il n'y a ni scandale ni rancœur entre nos deux familles.
Edwina : Hmm.
Mary : Un bal donnerait à Edwina une autre chance de trouver un prétendant.
Anthony : Un autre bal ? Pour que la société puisse inspecter ce naufrage d'encore plus près.
Edwina : Un bal pourrait donner de bons résultats. Le vicomte et ma sœur ont montré tant de talent à cacher leurs vrais sentiments à tout le monde jusqu'à présent. Ils n'auront pas de mal à continuer.
Mary : Edwina.
Kate : Newton ! Newton. Toutes mes excuses.
Anthony : Ce n'est rien.
Kate : Newton, dehors.
Edwina : Vraiment ! Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Était-ce toujours aussi criant ?
Lady Danbury : Si ce plan doit fonctionner… Je suggère que vous vous teniez à l'opposé l'un de l'autre dans la pièce.
Kate : Lady Danbury.
Lady Danbury : Il ne manquerait plus que quelqu'un soit témoin de quelque chose de fâcheux.
Anthony : Je vous demande pardon. J'ignore ce que vous insinuez.
Violet : Ce que notre amie insinue, Anthony, c'est que les personnes ici présentes sont les seules à connaître la vérité.
Lady Danbury : Nous préférons que cela reste ainsi. Cela vaut pour vous aussi. S'il n'y a ne serait-ce qu'un échange de regard entre vous, notre plan n'aura servi à rien. Tout le monde est d'accord, j'espère ?
Kate : Bien entendu.
Anthony : Naturellement, lady Danbury.
Violet : Anthony ! Anthony ! Ce plan sera-t-il un problème pour vous ?
Anthony : Mère, je…
Violet : Je pose la question à cause de ce qui s'est passé quand vous étiez à côté de miss Sharma. Nous ne serions pas dans cette situation si vous…
Anthony : Cessez de vous tourmenter. Je jouerai ma partition.
Violet : Et ensuite ? Ce plan… n'est qu'une solution temporaire, Anthony. S'il réussit, les rumeurs scandaleuses s'éteindront. Mais quoi qu'il arrive, cela vous laisse sans personne à épouser. À moins que vos desseins aient changé ?
Anthony : Réalisez-vous que notre famille perdurera malgré tout, que je décide de me marier ou non ? La lignée ne s'éteindra pas avec moi.
Violet : Non, c'est juste. Mais vous vous en remettez à vos frères comme solution ?
Anthony : Tenez-vous à m'entendre admettre que je me suis trompé ? Que je n'aurais pas dû demander sa main à miss Edwina ? Que je n'aurais pas dû aller si loin ? Je m'en rends compte ! Je me rends compte que j'ai failli dans plus de domaines que père et vous ne le saurez jamais. Ce plan va réussir. Je ne doute pas un instant que vous et lady Danbury ferez le nécessaire.
Chez les Bridgerton
Pénélope : Vous les avez toutes gardées ? Il me semble qu'il y a chaque chronique jamais imprimée.
Eloïse : Le double. Il y a deux exemplaires de chaque.
Pénélope : Éloïse, pourquoi avoir…
Eloïse : La reine croit que c'est moi. Que je suis lady Whistledown.
Pénélope : C'est de l'humour ?
Eloïse : J'ai trois jours pour tout avouer. Elle a menacé ma famille, Pénélope. Je dois tout jeter. Si la reine découvre que j'ai tous ces écrits, ça confirmera ma culpabilité.
Pénélope : Mais vous n'êtes pas coupable. C'est un horrible malentendu. Nous devons demander audience à Sa Majesté. Nous devons l'implorer d'écouter la raison.
Eloïse : Oui. Sa Majesté est toujours si raisonnable.
Pénélope : Pourquoi a-t-elle cru que c'était vous ? Vous ne mâchez pas vos mots, avez des opinions arrêtées, mais…
Eloïse : Un de ses valets m'a vue rendre visite à Theo. Je sais. J'aurais dû suivre vos conseils. J'ai été égoïste et j'ai peut-être aussi mis Theo en danger. La reine le croit lié à Whistledown.
Pénélope : C'est faux, et vous non plus. C'est absurde.
Eloïse : Je dois le prévenir et vite.
Pénélope : Non, surtout pas, voyons. Vous devez rester aussi loin que possible de Theo et de l'imprimerie. Il faut attendre que lady Whistledown publie sa dernière chronique. Avec un peu de chance, elle vous servira à prouver votre innocence.
Pénélope : Je dois parler à madame Delacroix.
Geneviève : Vous ne devriez pas être ici.
Pénélope : C'est urgent, je vous en prie.
Geneviève : Sa Majesté la reine est aussi mêlée à l'affaire ?
Pénélope : Elle l'a toujours été, j'imagine. Elle se sent menacée par les chroniques depuis un moment. J'ai douté du goût de Sa Majesté et j'ai mis en question son jugement.
Geneviève : Ça ne faisait pas partie de notre accord.
Pénélope : Notre arrangement nous a procuré des bénéfices intéressants. Vous saviez qu'il comportait des risques.
Geneviève : Oui, mais cela n'impliquait pas la reine d'Angleterre.
Pénélope : Auriez-vous surpris quelque chose dans votre boutique ? Quelque chose pour satisfaire Sa Majesté ? Un moyen de lui donner ce qu'elle veut. L'admiration, le soutien, la dévotion.
Geneviève : Dois-je comprendre que vous n'avez rien pu trouver vous-même ?
Pénélope : Je ne sais plus quoi faire. Ma meilleure amie a des ennuis à cause de moi et… je ne sais pas quoi faire.
Geneviève : Vous pourriez vous dénoncer. Prendre la place de miss Éloïse. À condition que Sa Majesté accepte de vous croire.
Pénélope : Je ne suis pas sûre qu'elle me croirait. Sa Majesté me renverrait croyant que j'essayais d'aider une amie, si elle daignait me recevoir. - Ils sont vraiment beaux.
Geneviève : Hm ?
Pénélope : Vos dessins.
Geneviève : J'avais espéré les soumettre à une grande maison de couture en France. Élever mon affaire à un niveau supérieur. Or maintenant, je risque d'être accusée de complicité de la plus célèbre pourvoyeuse de potins de Londres.
Pénélope : Je ferai en sorte que votre nom ne soit pas sali. Vous avez ma parole. Je devrais y aller. Pardon de vous avoir importunée.
Geneviève : La seule chose qu'une lady ne ferait jamais, c'est porter une toilette en sachant qu'elle l'enlaidit, miss Pénélope. Si vous écriviez une calomnie sur miss Éloïse qu'elle n'écrirait pas elle-même, eh bien… inutile de vous dire quel effet cela aura sur les soupçons de la reine.
Pénélope : Je ne ferais jamais ça. Je ne détruirai pas mon amie.
Geneviève : Bien sûr que non.
Pénélope : Bonsoir.
A l’académie
Benedict : Mon frère. J'ignorais que tu comptais passer ce soir.
Anthony : Je l'ignorais aussi. L'Académie royale dispense une autre sorte d'éducation que celle que j'imaginais. Ou peut-être celle que j'imaginais.
Benedict : Tu veux un verre ?
Anthony : Y a-t-il un endroit plus tranquille ?
Benedict : Il s'agit d'une fête, mon frère.
Anthony : C'est très spécial. Tu fais ça tous les soirs ?
Benedict : Es-tu venu me réprimander ?
Anthony : Ce que je comptais te dire, c'est que tu as beau être un fils cadet, cela ne t'exempte pas du devoir familial pour autant. Tu es simplement le second.
Benedict : Cela a-t-il à voir avec ce qui se passe entre toi et les sœurs Sharma ? En particulier avec l'aînée ? Mère n'est pas la seule à remarquer ta façon de la regarder. Combien de temps vas-tu te punir et te vautrer dans ton malheur ?
Anthony : Oublie que je suis venu. Bonne nuit, Benedict.
Benedict : Attends. Les choses te paraissent sombres pour l'instant, mais si j'ai appris quelque chose au cours de mes études d'art, c'est que tout est presque toujours affaire de perspective. Je regarde mes œuvres et si ce que je vois me déplaît, je peux toujours changer les couleurs de ma palette. En aucun cas je ne jetterais la toile entière. Tu pourrais en faire de même dans ta propre vie. On prend encore du thé, hein ? Au moins, rase-toi, veux-tu.
Anthony : Lady Danbury. Lady Mary. Miss Sharma. Miss Edwina, je vous…
Lady Danbury : Comme c'est aimable à vous, lord Bridgerton.
Violet : Mais rappelez-vous, avant d'envoyer nos invitations, il faut apparaître comme appréciant notre compagnie mutuelle. N'est-ce pas ?
Une exposition d’art
Violet : La plupart sont des peintres français. Ne soyez pas découragés. Si nous laissons le mariage derrière nous, ils le feront aussi.
Anthony : Lady Mary, je vous demande de me pardonner. Je ne vous ai pas encore fait mes excuses
Mary : Disons que cela n'a rien de surprenant. Il faut du temps aux hommes pour reconnaître leur culpabilité dans ces affaires. C'est un de vos privilèges, sans doute.
Anthony : Vous avez toutes les raisons de m'accabler. Mais il est de mon devoir de vous dire que je n'ai jamais eu l'intention de causer à votre famille autant de troubles que je l'ai fait.
Mary : En vérité, je ne devrais pas vous blâmer seul de la situation, lord Bridgerton. J'ai été moi-même absente beaucoup trop longtemps. Quand mon mari est mort, c'était à moi de prendre en charge le fardeau de ma famille, non à Kate. Elle s'est toujours sacrifiée pour nous, voyez-vous. Lady Hood. Je suis ravie de vous rencontrer ici.
Lady Hood : Moi aussi, lady Mary. Et avec lord Bridgerton de surcroît.
Mary : Oui.
Le club de Mondrich
Jack : Monsieur Mondrich !
Mondrich : Featherington.
Jack : Je prendrai un brandy. - Ce n'est pas le genre d'accueil que j'attendais.
Mondrich : Pardon ?
Jack : J'espérais que le propriétaire d'un si bel établissement me régalerait d'anecdotes. De ses matchs de boxe, peut-être ? Pour tout vous dire, je n'apprécie guère ce sport.
Mondrich : Boxer n'est pas donné à tout le monde, monsieur. Ça requiert un solide estomac et de savoir encaisser les coups.
Jack : Hmm. Une assertion fort intéressante. Mon cousin était dépourvu des deux, mais lord Featherington, paix à son âme, était un de vos fervents admirateurs, à ce que ai entendu.
Mondrich : J'en suis honoré. Quoique j'ignorais l'intérêt qu'il a pu me porter.
Jack : Vos chemins se sont croisés. Il a assisté à de nombreux combats.
Mondrich : Oui, mais je devais être préoccupé du combat en cours. Il est dangereux de se laisser distraire sur le ring.
Jack : Bien sûr. C'est dangereux dans votre domaine. Mais mon cousin gardait précieusement des dossiers sur toutes ses dettes et sur… ses paris. Je suis tombé par hasard sur un pari très important.
Mondrich : Je ne tiens pas du tout à me défendre contre des médisances sans fondement.
Jack : Et je ne tiens pas à vous y contraindre. Je respecte un homme qui s'est fait seul, peu importe les moyens employés pour s'élever. Je ne vous poserai pas plus de questions que vous ne m'en poserez. Des accusations infondées nuiraient à chacune de nos entreprises. Et d'après ce que j'en vois, vous aurez besoin de toute l'aide possible pour la vôtre.
L’imprimerie.
Theo : L'imprimeur est parti. Revenez demain.
Eloïse : Ce n'est pas l'imprimeur que je viens solliciter.
Theo : Vous êtes folle ?
Eloïse : Vous n'êtes pas content de me voir ?
Theo : Des gens du palais ont posé des questions sur moi. J'ai failli me faire renvoyer.
Eloïse : Oui, je crains que ça puisse être ma faute. C'est la reine. Elle m'a vue vous rendre visite et elle me prend pour lady Whistledown elle-même. C'est ridicule, non ?
Theo : Ce qui est ridicule, c'est que vous ayez cru sage de revenir ici ! Chercher de nouveaux livres, c'est ça ?
Eloïse : Pardon ? Non, en fait, je suis venue m'assurer que vous alliez bien et nous accorder sur notre version.
Theo : Notre version ? Au fond, cela n'a rien de bien surprenant.
Eloïse : Que dois-je comprendre ?
Theo : Simplement que vous êtes une jeune dame qui n'avez pas beaucoup souffert. Vous aurez la protection de votre famille, de ceux de votre rang, moi, je… je n'ai personne. Vous vous êtes bien amusée avec la canaille, Miss Bridgerton ?.
Eloïse : Quoi ?
Theo : Il est temps de retourner à Mayfair avant de m'attirer plus de problèmes.
Edwina : Il semble que miss Cowper et miss Goring ont toutes deux gobé l'histoire du mariage suspendu à la suite d’une décision mutuelle.
Kate : C'est une excellente chose.
Edwina : Ma foi, je me découvre très bonne menteuse. C'est peut-être une chose que le vicomte et toi m'avez apprise.
Kate : Edwina… que dois-je faire pour que tu me pardonnes ? Si je dois implorer ton pardon chaque jour de ma vie, je le ferai. Car ton bonheur comptait plus que tout pour moi, et tu peux me croire. Je souffre des conséquences de l'avoir détruit.
Edwina : Je me rappelle les livres que tu me lisais de la bibliothèque de Appa. Les histoires d'amour fou et de fins heureuses malgré l'adversité. Y croyais-tu seulement toi-même ? Ou me mentais-tu depuis toujours ?
Kate : Je crois en l'amour fou. Au grand amour. Au bonheur et aux fins heureuses. Comment croire le contraire ? Appa et maman étaient heureux ensemble.
Edwina : Ce que j'ai vu, c'est comment même cela a fini en tragédie. Cela n'existe pas, les fins heureuses, Kate. En tout cas, pas dans la vraie vie.
Anthony : Miss Sharma. Je souhaitais avoir un moment seul avec vous. Pour parler.
Kate : Je ne vois pas de quoi nous pourrions parler.
Anthony : Des baisers.
Kate : Il ne s'est rien passé. Il ne s'est rien passé entre nous.
C'est inconcevable. Vous étiez le promis de ma jeune sœur. Dans quel monde nous serions-nous embrassés ?
Anthony : Êtes-vous vraiment sérieuse ?
Kate : Nous avons fait une terrible chose. Nous devrions avoir honte de notre conduite.
Lady Cowper : Oh, lady Danbury, lady Bridgerton. Quelle surprise de vous voir ici.
Lady Danbury : Vous êtes au courant que ma famille a sa propre salle ici, lady Cowper ?
Violet : Elle est bien de ce côté ?
Lady Danbury : Celle avec le nom de Danbury sur le chambranle ? C'est écrit en toutes lettres.
Lady Eaton : Quel plaisir de vous voir ensemble. Vous auriez sans doute eu besoin d'un répit après les événements de la semaine dernière.
Violet : Bien au contraire, d'ailleurs, j'ai prévu un bal chez moi, plus tard cette semaine. N'avez-vous pas reçu l'invitation ?
Lady Danbury : Oh.
Violet : Doux Jésus. Je vérifierai s'il reste de la place. La maison sera pleine, sans aucun doute.
Chez les Featherington
Colin : Vous êtes un authentique touche-à-tout.
Jack : Dans un pays sauvage, on peut être amené à agir sauvagement. Sans cette expédition de chasse, je n'aurais pas découvert mes mines.
Colin : Ah ! La reine du jour !
Pénélope : Colin. Cousin Jack.
Colin : Je disais justement à lord Featherington que mon intérêt pour ses mines avait été suscité en voyant le collier que vous portiez au mariage de mon frère.
Pénélope : C'est vrai ?
Jack : Vous êtes convaincant, Bridgerton. Accordez-moi un peu de temps pour y réfléchir.
Colin : J'attendrai avidement votre réponse. La société est éblouie par vos exploits. J'aimerais en être. Voulez-vous me raccompagner ?
Pénélope : J'ignorais que vous aviez envie d'investir.
Colin : Moi-même, je l'ignorais. Cela dit, je commence à penser autrement. Je sais que c'est une grosse somme à risquer, mais je suis très tenté. C'est l'occasion de me faire un nom par moi-même comme votre cousin. Et une fois que les profits vont tomber, nos deux familles en bénéficieront ce qui rend toute l'affaire si attrayante.
Pénélope : Vous estimez ma famille ?
Colin : Je ne fraye pas avec des gens que je tiens en piètre estime.
Pénélope : Je n'y avais jamais songé.
Colin : C'est naturel. Notre relation a pris forme si aisément au fil des ans qu'on pourrait la prendre pour acquise. Vous vous êtes toujours montrée si constante et loyale, Pen.
Pénélope : Je crains ne pas mériter tant de compliments pour ma loyauté.
Colin : Une chose vous tourmente ?
Pénélope : Pas du tout.
Colin : Ah, j'ai failli oublier. Je vais devoir compter sur votre loyauté une dernière fois. Jusqu'à ce que cet accord avec votre cousin soit confirmé, je ne souhaite pas que mon frère Anthony en ait vent. Voulez-vous éviter de le dire à quiconque ? Surtout à Éloïse. Il n'y a guère de secret entre vous deux, mais…
Portia : Monsieur Bridgerton ! J'ignorais que nous avions un visiteur aujourd'hui.
Colin : Miss Pénélope me raccompagnait et je lui rebattais les oreilles d'affaire futiles dont je n'aurais pas osé parler à quelqu'un d'autre.
Portia : Dois-je vous rappeler notre discussion sur qui ne doit pas investir dans notre entreprise ?
Jack : J'aime quand vous dites "notre entreprise". J'ai tenté de dissuader M. Bridgerton, mais le garçon est très pugnace. En dépit de sa situation de famille, il est décidé.
Portia : C'est précisément cette situation qui le presse d'agir. Il n'est pas idiot et espère arriver à signer maintenant, avant que tout le monde ne souhaite rompre les relations avec sa famille et lui-même par la même occasion.
Jack : Des factures, Mme Varley ?
Madame Varley : Des invitations, monsieur. Et il y en a beaucoup.
Portia : Et pourquoi en serait-il autrement ?
Madame Wilson : Madame, les invitations sont prêtes.
Violet : Excellent, madame Wilson. Notre petit Augie tousse encore, la duchesse n'assistera pas au bal. Mais c'est pourquoi il est si important que le reste d'entre nous embrasse le thème de l'harmonie… et œuvre ensemble pour impressionner nos invités. Si nous recueillons assez de soutien, la reine pourrait être incitée à oublier l'affaire du mariage.
Eloïse : Il fait étouffant ici.
Violet : Éloïse ? Vous sentez-vous souffrante ?
Eloïse : Pas d'affolement, maman. Je vais bien assister à votre bal.
Anthony : Tu participeras à cette farce avec nous.
Violet : Si je fais cela, c'est dans notre intérêt à tous.
Benedict : Peut-être devriez-vous opter pour un autre thème ?
Eloïse : Il n'y a vraiment pas eu le Whistledown au courrier ?
Pénélope : Bonjour, chers Bridgerton.
Eloïse : Je vais tout avouer.
Pénélope : Pardon ?
Eloïse : Je sais tout sur Whistledown. Je trouverai un imprimeur et publierai une fausse chronique. J'y donnerai à Sa Majesté ce qu'elle veut : une alliée.
Pénélope : Vous demanderez son aide à M. Sharpe ?
Eloïse : Je ne souhaite plus jamais mentionner ce garçon. Je fais ça pour ma famille. Si j'arrive à convaincre Sa Majesté de soutenir mon camp, la haute société fermera les yeux sur le récent scandale.
Pénélope : Éloïse, ne vous lancez pas dans une telle folie.
Eloïse : Mon temps est presque écoulé. S'il faut dire que je suis Whistledown, soit.
Pénélope : Ça ne durera qu'un temps. Vous ne pourrez continuer à jouer ce rôle. Que se passera-t-il si… Qu'arrivera-t-il quand Whistledown publiera à nouveau ?
Eloïse : Cela m'est bien égal, ce que Whistledown décide de faire ou non. Elle est morte pour moi. Pénélope, j'ai pris ma décision. Et au moins, ça me donnera un peu plus de temps pour démasquer enfin la vraie coupable et la faire payer pour ses crimes. Je voudrais pouvoir vous remercier d'avoir été une amie toujours aussi fidèle, quelles que soient les circonstances.
Chez les Bridgerton
BIENVENUE AU BAL BRIDGETON
25 JUILLET 1814
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… Qu'y a-t-il de si excitant dans la trahison ? La haute société elle-même a sans nul doute ressenti cette sorte de frénésie particulière après que la promesse du mariage qui éclipserait tous les mariages fut rompue. Cela dit, votre auteure tient de source sûre que les noces avortées du vicomte ne sont peut-être pas la seule trahison que nos chers Bridgerton ont à gérer dès à présent…
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Violet : Hmm. Eh bien, voilà qui est imprévu.
Mary : Il doit être encore un peu tôt, je suppose.
Musicien : Voulez-vous que nous continuions à jouer ?
Violet : Merci, ce ne sera pas nécessaire.
Benedict : Si ma présence est inutile, je vais à mon atelier. Je me refuse à cette détresse ambiante.
Anthony : Attends.
Benedict : Je connais tes opinions.
Anthony : Reste pour la danse. Car il va y avoir de la danse ! Question de perspective, non ?
Colin : Danser ? Avec qui, voyons ?
Violet : Anthony…
Anthony : Hyacinthe !
Hyacinthe : Oui, mon frère ?
Anthony : Rejoins-moi et fais-moi l'honneur d'une danse.
Gregory : Si elle a le droit de danser, moi aussi.
Lady Danbury : Venez ! Montrez à cette douairière le bénéfice de toutes vos leçons à ce qu'il paraît. Monsieur Bridgerton !
Eloïse : Il se débrouille mieux que moi.
Anthony : Quelque chose d'entraînant. Une danse campagnarde, peut-être ? J'ai cru comprendre que le thème de ce soir était l'harmonie, mère.
Hyacinthe : Pourquoi pas un quadrille ?
Benedict : Ou devrions-nous plutôt nous attaquer à toute cette nourriture ?
Violet : Oui ! Étant donné la crédulité habituelle de la bonne société, j'avoue être assez surprise qu'elle n'ait pas accordé de crédit à notre histoire, lady Danbury. Qu'a-t-il pu se passer ? Vous avez vu ? C'est incroyable.
Lady Danbury : Peut-être devriez-vous leur demander ?
Violet : Madame Wilson ? Y a-t-il un problème ?
Madame Wilson : Cela vient d'arriver, madame.
Eloïse : Est-ce le Whistledown ? Une nouvelle publication, maman ?
Violet : C'est bien cela, en effet. Il est aisé de comprendre pourquoi nous sommes les seuls ici.
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… Si nos vies devaient se résumer à la somme totale de nos choix, alors miss Éloïse Bridgerton a sans aucun doute fait un choix dangereux. Peut-être même désastreux. Car apparemment, on l'a vue sans chaperon, en mauvaise compagnie. Pour tout dire, elle aurait partie liée avec des activistes radicaux…
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Jack : Vous semblez ravie, ma chère.
Portia : Je crois que nos voisins vont être affligés pendant un grand moment. Colin Bridgerton, allez-y. Scellez l'accord avec lui.
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… Il se peut que la demoiselle ait passé beaucoup de temps à réfléchir à ses décisions. À moins, au contraire, qu'elle les ait prises à la hâte. Quoi qu'il en soit, nous devons tous garder à l'esprit cet adage : "Comme on fait son lit, "on se couche"…
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Kate : Bonne, voudrais-tu rentrer, maintenant ?
Edwina : Comme si tu t'intéressais à ce que je veux.
Kate : Edwina, tu es cruelle.
Edwina : Je t'interdis, Kate. N'essaye pas de me faire passer pour la cruelle. Je ne sais peut-être pas qui je suis vraiment, mais je sais une chose. Au moins, je suis plus généreuse que toi.
Anthony : Que faites-vous ici ?
Kate : Toutes mes excuses…
Anthony : Non, restez.
Kate : Vous étiez là le premier
Anthony : J'allais partir.
Kate : Vous êtes chez vous, monsieur.
Anthony : Cela ne signifie rien.
Kate : Cela devrait.
Anthony : Pourquoi vous entêter ?
Kate : Vous insistez !
Anthony : Vous faites des compromis ainsi ?
Kate : Bonne nuit.
Anthony : Vous devez toujours me contredire ? Vous n'avez pas changé depuis notre rencontre dans les bois. Opiniâtre, inflexible, refusant de céder obstinément au simple bon sens !
Kate : Oui, je conçois aisément que cela puisse troubler un homme comme vous. Habitué à arriver à ses fins, à donner des ordres…
Anthony : Je ne vous donne pas d'ordres.
Kate : Vous espérez que j'obéirai. Je ne vous écoute pas.
Anthony : Et si vous aviez tort ?
Kate : Je n'obéirai à personne avec qui je suis en profond désaccord ! Le fait qu'il vous ait fallu si longtemps pour vous en accommoder et l'accepter…
Anthony : Vous savez pourquoi ?
Kate : Vous l'ignorez vous-même.
Anthony : Je sais pourquoi.
Kate : Étonnez-moi avec votre connaissance de vous-même.
Anthony : Jamais je n'ai rencontré une femme comme vous. C'est affolant, comme vous me consumez, vous consumez mon être. Ma famille est au bord de la ruine. Je suis presque certain que chacun de mes frères et sœurs me méprise, ma mère aussi, bien que j'aie dédié ma vie à veiller sur eux, mais en dépit de tout, le seul et unique objet de mes pensées, le seul but auquel j'aspire, la force qui fait battre mon cœur, c'est vous.
Me croyez-vous satisfait de ma situation ? À devoir lutter avec mon envie de n'être qu'auprès de vous ? Mon envie de m'enfuir avec vous ? De suivre… mes plus impudiques désirs interdits, cette obsession que j'ai beau chasser en m'obligeant à ne pas oublier que je suis un gentleman et que vous êtes une dame. L'envie de ce parfum… … qui est resté imprimé dans mon esprit depuis cette soirée de bal au jardin d'hiver, sur la terrasse. Le muguet. Cessez, je vous en prie.
Kate : Moi, je devrais cesser ?
Anthony : Aucune autre façon de procéder. Cessez je vous en prie !
Kate : Quand c'est vous, le fautif, depuis le début ? Vous avez bouleversé mon univers, m'avez fait reconsidérer tout ce que je m'étais promis. Je suis venue ici résolue à sauver ma famille. Tout ce que j'ai fait…
Anthony : Vous l'avez fait pour leur bonheur.
Kate : Je l'ai fait pour leur bonheur.
Anthony : Oui.
Kate : Cessez, vous me tourmentez ! Vous devez me laisser en paix. Avant que…
Anthony : Avant qu'enfin, nous fassions quelque chose pour nous-mêmes ? Partez tout de suite. Ne restez pas… ici. Rentrez.
Kate : Que vous ai-je dit à propos de vous et de vos ordres ?
Anthony : Je ne vous toucherai pas !
Kate : Continuez !
Anthony : Je ne vous toucherai pas.
Kate : Je vous interdis d'arrêter !
Le lendemain, chez Lady Danbury
Anthony : Je veux parler à miss Sharma.
Un Valet : Elle est peut-être sortie ?
Anthony : Je sais qu'il est tôt, mais dites-lui que je suis là.
Valet : J'ai peur que ce ne soit pas possible. Elle serait sortie, apparemment. Il manque un cheval à l'écurie.
Anthony : Plus vite ! Plus vite ! Miss Sharma ! Plus vite ! Miss Sharma ! Non ! Miss Sharma ! Kate. Non, non, non, non. Kate !
Elle s’apprête à sauter mais son cheval se dérobe. Elle tombe.